« Génération Branchée, pourquoi Faire ? »
Des élèves de la Majeure MTI ont participé à un débat sur l’impact d’Internet sur les jeunes générations, à Paris le 26 mai.
Cette année, à côté du Parlement du Futur, son événement de référence sur l’innovation responsable réunissant industriels, experts et parlementaires à l’Assemblée nationale, l’association Vivagora organisait le 26 mai avec la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing) un événement étudiant intitulé « Génération Branchée, pourquoi Faire ? » à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM).
Sont intervenus au cours de cet après-midi consacré à l’impact des nouvelles technologies sur la société des étudiants de Sciences-Po Paris, de l’ESSEC, de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), de Télécom Paritech, ainsi que 4 élèves de la majeure MTI de l’EPITA : Jeoffrey Fuhrer, Jean Romain Prevost, Jean Lauliac et Panos Baroudjian.
« Le développement des outils électroniques est en train d’entraîner une véritable mutation anthropologique et une nouvelle écologie de l’intelligence. », a affirmé en ouverture la philosophe Manola Antonioli, inspirée par l’« écosophie » de Félix Guattari. La chercheuse a cependant mis en garde contre une nouvelle forme de pollution de l’esprit et contre la folie potentiellement sécrétée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Les NTIC au service de la durabilité ?
La modification du rapport à l’existence permis par les NTIC a été doublement illustrée, par les étudiants de l’ENSAD par le registre esthétique et par ceux de l’EPITA, par le registre technique. Projet intéressant et surprenant parce qu’il montre comment les nouvelles technologies peuvent aller dans le sens de la durabilité et non pas dans le sens de la déshumanisation que l’on associe généralement au progrès : celui présenté par les élèves de l’école des arts décoratifs, une sorte d’anti-horloge ne dévoilant l’heure que stimulée par son utilisateur. « C’est un objet électronique innovant conçu comme un moyen de lutter contre l’autorité de l’horloge traditionnelle qui rationalise et fractionne nos journées. Voilà une manière de revenir à une écologie temporelle plus saine et plus naturelle. », expliquent les étudiants.
Les NTIC permettent plus de capacités mais aussi plus d’humain
Les étudiants de l’EPITA ont illustré avec optimisme l’ampleur de la rupture permise par les nouvelles technologies et leurs usages. Ils ont mis en valeur leur caractère quasiment magique et leur capacité à faciliter notre quotidien. La géolocalisation, à la dimension orwellienne, rend possible l’ubiquité du regard et la localisation des individus, mais également permet à ces derniers de se repérer et d’interagir avec leur environnement proche. La meilleure adaptation des supports et la portabilité nous permettent d’utiliser les NTIC dans des contextes de plus en plus nombreux.
Pour les Epitéens, il n’y pas d’inquiétude à avoir : si un certain nombre de compétences de l’intelligence humaine sont transférées dans les nouvelles technologies, d’autres compétences se développent par nécessité de manière inversement proportionnelle, en vertu du principe schumpétérien de destruction créatrice. Michel Serres affirmait en 2007 au cours d’une intervention à l’INRIA que le transfert de la mémoire du cerveau vers l’ordinateur nous obligeait à être plus inventifs et plus créatifs. Pour les élèves de l’EPITA, les NTIC ne nous rendent donc pas plus rationnels ni plus bêtes, mais au contraire plus humains et plus intelligents. Plus libres aussi, renchérissent les étudiants de Telecom Paritech, attentifs à montrer le rôle des nouvelles technologies dans le processus des révolutions arabes.
Comment réagir face à l’épuisement des ressources ?
Les étudiants de Sciences-Po Paris ont quant à eux fait état de projections alarmantes montrant que le développement accéléré des nouvelles technologies et la demande de métaux de plus en plus purs et de plus en plus spécifiques pour atteindre les meilleures performances étaient en train d’entraîner l’épuisement des ressources pour les minerais concernés. « Le problème est que malgré l’épuisement des ressources, les entreprises continuent à adopter une logique utilitariste, sous les effets conjugués de la pression du marché, de la pression réglementaire et de la pression des parties prenantes. », explique une étudiante de l’ESSEC.
Mais cette dernière précise aussi : « C’est le propre des innovations de régler les problèmes d’hier tout en en créant de nouveaux. D’autre part, le champ de l’action dépassant celui de la connaissance, les entreprises décident parfois de parier sur l’avenir en oubliant le principe de précaution et préfèrent regarder sur le moyen terme, qu’elles peuvent embrasser complètement du regard, plutôt que le long terme, plus incertain et indéfini. C’est la manière dont elles raisonnent. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas mener une réflexion plus poussée pour avoir un développement moins ‘court-termiste’. Bien au contraire, ce réflexe doit être développé.»