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Les nanotechnologies font débat

Les nanotechnologies en débat

Nanosciences et nanotechnologies constituent des enjeux particulièrement stratégiques de la recherche. Secteurs très compétitifs, en croissance rapide, avec un potentiel économique considérable, ils possèdent des applications dans de nombreux domaines comme l’informatique et les télécommunications, la médecine et la biologie, les matériaux et la chimie, l’énergie et l’environnement. Une évolution quelque peu contestée par l’opinion publique, qui souhaiterait en savoir un peu plus sur ces particules de petites tailles. Ces inquiétudes ont donné lieu à un débat national, long de plus de quatre mois,  décidé lors du Grenelle de l’environnement. Les réunions se sont achevées le 23 février 2010.

Les nanotechnologies regroupent des applications extrêmement diverses, n’ayant rien avoir les unes avec les autres. Seul point commun : leur taille infime. Leur industrialisation progresse à grands pas : de l’automobile aux cosmétiques, en passant par l’aéronautique, le textile, l’électronique ou les matériaux de construction. Mais le manque d’études sur le sujet a suscité quelques suspicions quant à leur toxicité.

Un manque d’information

Les nanoparticules existent déjà dans un certain nombre d’applications comme les cosmétiques par exemple : crèmes solaires, déodorants, sprays, poudres. Leurs présences sont parfois affichées, d’autres fois non. Elles suscitent des questionnements légitimes sur les risques associés à leurs utilisations dans des produits de la vie courante et  leur impact éventuel sur l’homme et sur l’environnement. Des études menées depuis plusieurs années ont mis en évidence le danger représenté par leur accumulation dans des organes, et celui de franchissement de barrières dans le corps humain. Mais aucune synthèse scientifique cohérente n’est à ce jour disponible, ce qui laisse beaucoup d’incertitudes quant aux risques effectifs et les moyens de les mesurer.

95253032.jpgL’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), organisme sous tutelle des ministères de la santé, de l’écologie et du travail, a révélé que le manque de données expérimentales, tant sur la toxicité des nanoparticules que sur les risques d’exposition, ne permet pas de mettre en œuvre une stratégie adaptée pour la maîtrise des risques potentiels. Si l’on ajoute que les moyens de détection et de mesure actuels sont eux aussi mal adaptés, on comprend que le consommateur puisse s’interroger sur les effets des nanoparticules qu’il risque de croiser dans de nombreux produits (emballages, cosmétiques, textiles, automobiles…) ou de côtoyer dans l’atmosphère.

Des débats aux allures de campagnes de communication

La Grande-Bretagne, le Danemark et les Etats-Unis ont organisé dès 2004 des rencontres entres experts et citoyens. La France a attendu la mi-octobre 2009 pour commencer à ouvrir les débats « d’experts » dans plusieurs villes et les a reportés sur Internet dans les dernières semaines ; un débat national long de quatre mois, réalisé suite au Grenelle de l’environnement. Pourtant, les nanotechnologies sont utilisées dans chacun de ces pays, au moins depuis plusieurs décennies.

Les discussions étaient censées permettre d’aborder les diverses applications des nanotechnologies, dans l’industrie, dans le secteur de la médecine ou de la grande distribution, ainsi que les aspects techniques et scientifiques. Les éventuels risques sanitaires et environnementaux, l’impact sur l’homme, le respect des libertés individuelles… ont également été évoqués.

Malgré tout, après quatre mois, force est de constater que l’initiative a tourné à l’échec. Les interventions ont souvent été perturbées voire annulées suite aux manifestations des « anti-nanos ». Les réunions publiques ont au final attiré peu de monde, 3 000 participants, et seulement 150 000 consultations enregistrées sur le site Internet du débat.

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